نبذة مختصرة : Cette intervention a eu lieu dans le cadre du séminaire annuel 2024 de l'Académie des Controverses et de la Communication Sensible (ACCS) ; Début avril 2024, une vidéo mettant en scène deux adeptes du mouvement « citoyens souverains » faisait forte impression sur les réseaux sociaux. On y voit un couple dans sa voiture expliquer à la police qu’ils ne « contractent pas » et refusent donc de se soumettre à la législation française, jugée illégitime. En se déclarant « souverains » et grâce à certaines clauses juridiques connues d’eux seuls, ils pensent alors être dans leur bon droit pour échapper à un contrôle de police illégal. Assez prévisiblement mais à leur grande surprise, la vitre de leur véhicule est brisée et tous deux finissent en garde-à-vue.Cet exemple très médiatisé illustre un aspect pourtant assez peu débattu du complotisme : celui d’un rapport au monde particulièrement légaliste. De ce refus d’obtempérer des « citoyens souverains » à la contestation des résultats électoraux américains par le mouvement QAnon, on peut s’interroger sur les raisons de l’attachement de mouvements complotistes contemporains au droit et à la loi. Ces observations contredisent en effet certains résultats de la recherche qui définissent le complotisme comme le retour d’une pensée « antimoderne » ou d’une vision ésotérique voire théologique du monde (Poliakov, 2006 ; Taguieff, 2010). L’observation empirique de plusieurs discours complotistes montre à l’inverse un attachement (poussé à l’extrême) aux principes fondamentaux du contractualisme philosophique.La logique complotiste est souvent décrite comme un procédé de reconstruction d’une cohérence événementielle qui articule « des éléments très divers, parfois contradictoires, de la réalité sociale » (Nicolas, 2014). Elle cherche ainsi à faire système et à produire un modèle explicatif du monde dépourvu d’ambiguïtés ou d’angles morts (Douglas et al., 2019). Elle s’inscrit donc dans une approche logique du monde, subordonnée à des lois de causalité qu’il s’agit de reconstruire ...
No Comments.