نبذة مختصرة : Comment se constitue un pouvoir politique réputé "absolu" là où dans la séquence historique immédiatement antérieure le chef de l’Etat ne jouissait pas d’une position prééminente ? Norbert Elias avait placé cette énigme au cœur de ses réflexions dans La société de cour. L’ambition de cette thèse est de la reprendre à partir d’un tout autre contexte socio-historique et sur une temporalité plus courte : en s’inspirant de la démarche éliasienne mais aussi de la sociologie pragmatique et de certains apports de l’ethnométhodologie, il s’agit de comprendre, d’une manière sociologique, comment, en l’espace d’à peine deux décennies, un rapport de domination politique particulièrement marqué a pu s’instaurer en Russie entre le chef de l’Etat et les magnats de l’économie. Pour répondre à cette question, la thèse se centre sur une forme particulière de cérémonial où la déférence à l’égard du chef de l’Etat peut être observée publiquement - les interviews télévisées avec des membres des élites économiques - et développe trois arguments. Fondé sur l’analyse d’un corpus d’émissions diffusées sur la chaîne de télévision publique Rossiya 24 et sur celle, « indépendante », Dozhd, aussi bien que sur les entretiens « exégétiques » avec les intervieweurs de deux chaînes, l’enquête démontre que la domination du chef de l’Etat repose pour une part essentielle sur la croyance collective, partagée au sein des élites, en un ensemble de règles – le pacte – qui prescrivent de quelle façon il convient de traiter la personne du Président dans l’espace public. La thèse montre ensuite la place centrale qu’occupent les médias dans la reproduction de l’ordre politique aujourd’hui en Russie. Ceux-ci se présentent comme le théâtre où se constitue la croyance des élites dans le pouvoir « absolu » du président. Afin de le montrer la thèse étudie, à l’aide d’entretiens réalisés avec les journalistes et les responsables des deux chaînes de télévision concernées, le dispositif matériel et organisationnel de ces chaînes. Finalement, à travers l’analyse ...
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