Les longforms multimédia au regard de l’œuvre d’art totale : inventer de nouvelles formes de récit en ligne

Ces dernières années, dans les écoles de journalisme, les élèves sont formés à écrire conformément aux nouveaux usages : des articles courts, aux formules choc, afin de correspondre à la fois aux présupposées attentes du public, mais aussi à un modèle économique fondé sur les audiences. Mais en 2013, avec l’article long format du New York Times en ligne « Snowfall », tout change. Pour la première fois, un récit sur internet décide de prendre son temps, d’être aussi long que nécessaire pour raconter l’histoire. Plus encore, on y trouve un récit contenu non pas uniquement dans le texte, mais aussi dans toutes les illustrations, toutes les annexes présentes sur la page. Nait alors une manière de raconter les histoires sur écran, à travers du texte, des images du son, des images en mouvements, une mise en scène de la data, et un design pensé pour nous permettre de tout lire ensemble. Dans ces longforms multimédia, le lecteur entre en scène. Il manipule l’article en utilisant sa roulette de souris, ou en actionnant la barre de défilement. Ainsi le lecteur devient-il acteur de l’œuvre, par une certaine immersivité : il est englobé par l’histoire, qui le monopolise totalement en faisant appel à tous ses sens, même le toucher, tout en étant intégré à l’histoire de manière presque démiurgique, car c’est lui qui la fait apparaître. Ce mémoire étudie dans quelle mesure peut-on dire que ces longforms multimédia participent, en réactualisant l’idée d’œuvre d’art totale, à faire émerger une forme de storytelling adaptée à l’écran qui, en créant un dispositif de récit particulier, délivre une certaine conception de l’information ?