Vibrations du monde. Méditation pascalienne sur la littérature de voyage

Cet article s’intéresse à la façon dont la dimension référentielle de la littérature de voyage embarrasse certaines formes de pensée théorique. Il suggère qu’il y a trois types de rapports possibles à cette dimension : un rapport candide qui ne la problématise pas, mais en éprouve pleinement les effets ; une perspective formaliste qui analyse le texte de voyage uniquement comme une construction discursive, quitte à remettre en question ou à ignorer son rapport au monde réel ; enfin une approche qui garderait le meilleur des deux précédentes, et réfléchirait à ce qui passe du monde au lecteur à travers les formes. Cette approche se devrait de réintégrer le principe de référence et d’y associer deux principes librement inspirés de l’École de Genève : la vibration et la rencontre. ; This article examines how the referential dimension of travel literature embarrasses certain forms of theoretical thinking. It suggests that there are three possible ways of dealing with this dimension: a candid one that does not problematize it, but fully experiences its effects; a formalist perspective that analyzes the text only as a discursive construction, even if it means questioning or ignoring its relation to the real world; and finally an approach that would keep the best of the two previous ones, and reflect on what passes from the world to the reader through the forms. This approach should reintegrate the principle of reference and associate with it two principles freely inspired from the Geneva School of Criticism: vibration and encounter.